Si petits et pourtant…

À moins de vivre sur une autre planète, vous avez sûrement vu ou lu dans les médias que des chercheurs de la NASA ont découvert de nouvelles planètes dont trois d’entre elles pourraient être des sites de vie. On ne pourra, hélas! visiter ces clones de notre terre dans un avenir rapproché : on dit qu’il faudrait voyager pendant un million d’années à la vitesse d’un vaisseau spatial pour les atteindre. Une fois de plus nous sommes confrontés à des dimensions qui défient l’imagination tellement elles sont incompatibles avec nos mesures du temps et de l’espace sur terre. Il n’est pas si loin le temps où nous bombions le torse d’orgueil, convaincus que notre planète était le centre de l’univers. La nuit, de petites étoiles servaient de décor pour agrémenter la noirceur ambiante dans ce ciel qu’elles meublaient. Elles étaient là pour nous permettre de nous sentir importants tant elles nous semblaient insignifiantes. Elles servaient aussi de bornes pour nous indiquer les limites de cet univers dans lequel nous étions les maîtres. Puis, tout a éclaté : l’espace, le temps, les croyances. Télescopes et photos aidant, l’univers s’ouvrait à nous dans toute son immensité. Que dis-je ? dans une infime partie de son immensité car au fil des dernières années cette immensité n’a fait que croître : notre galaxie n’en est qu’une parmi des milliards d’autres. Inversement, notre dimension terrestre n’a fait que se rétrécir. Nous voila subitement si petits…et pourtant. Pourtant, grâce à l’art et aux artistes, nous pouvons continuer à croire que nous sommes uniques car nulle part ailleurs, des êtres quelconques n’ont créé des musiques ou écrit des textes identiques à ceux auxquels nous avons accès. Lisez, écoutez les mots de Jacques Prévert qui nous font rêver les deux pieds sur terre:  

Des milliers et des milliers d’années

Ne sauraient suffire

Pour dire

La petite seconde d’éternité

Où tu m’as embrassé

Où je t’ai embrassée

Un matin dans la lumière de l’hiver

Au parc Montsouris à Paris

À Paris

Sur la terre

La terre qui est un astre.

Le jardin de Jacques Prévert, Gallimard 1949

 

Partager cet article