Rire pour ne pas pleurer

Par jdion

Il est normal d’aborder chacun de nos problèmes de manière sérieuse. Est-ce à dire qu’il faut en exclure le rire ou l’humour? Absolument pas. Une touche d’humour peut amener à dédramatiser facilement un événement, en autant qu’on se prête au jeu. Il est donc possible d’être à la fois réaliste devant une situation ardue, vouloir prendre des bons moyens pour composer avec cette situation mais aussi d’en rire ou de faire des traits d’esprit pour s’en dégager un peu. Et comme disait si bien Chesterton, écrivain prolifique anglais: « La vie est une chose trop importante pour être prise au sérieux ». Illustrons un peu le propos. J’ai en tête le passage classique dans Cyrano de Bergerac où ce dernier est pris à partie par un homme qui fait une remarque sur la taille de son nez. Cyrano réplique en blâmant son interlocuteur pour la pauvreté de son commentaire. Au lieu de se mettre en colère ou de s’apitoyer sur son sort, Cyrano va encore plus loin par une tirade célèbre où il compare son nez avec un cap, une péninsule etc. L’autodérision est un mécanisme sain qui peut aider à diminuer le poids d’une chose à vivre. Évidemment, vous le faites si vous en avez envie, rien n’oblige à le faire si vous n’êtes pas à l’aise. Le rire reste nécessairement un mécanisme dont on a plaisir à faire usage car il ne se commande pas. Bien heureusement, il se cultive. On dit que plusieurs dizaines de muscles sont impliqués dans le rire. Cette action provoque un sentiment de détente et de bien-être par l’activation très bénéfique des systèmes cardiaques et pulmonaires. Il y aurait aussi sécrétion des endorphines (neurotransmetteur qui stimule le plaisir et qui diminue les douleurs car il agit comme anesthésiant). Le rire et l’humour libèrent les tensions de l’organisme. Ils prennent leur source dans les plaisirs de l’enfance qui donnent l’illusion de maîtriser l’immaîtrisable, d’être libre à l’intérieur de soi. J’ai lu des récits de gens qui ont vécu des situations extrêmes tels les camps, les goulags, ou à un niveau plus individuel, être sous le joug d’un bourreau et qui utilisaient l’humour pour s’adapter à la vie. Il s’agit là de créer un espace de liberté intérieur insaisissable qu’aucun agresseur ne pouvait atteindre. Dans ces cas particuliers, c’était le première étape d’un processus de résilience. En somme, au cours des situations quotidiennes, l’usage de l’humour contribue à se construire une image positive de soi, à évacuer du stress, à communiquer un message aux autres parfois sous son couvert, bref « l’humour est souvent le plus court chemin d’un homme à un autre » (Wolinski).

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